Instance nationale en charge des droits humains et genre : approche, prise en charge de la problématique
Le ministère de la Justice est l’instance nationale garante de la protection des droits humains au Tchad. Elle veille au respect des textes de lois en vigueur et applique la justice sans distinction aucune. Elle est aidée dans ce travail par la Commission nationale des droits de l’Homme, une instance rattachée aux services du Premier Ministre et chargée de donner un avis au gouvernement sur des questions de violations des droits humains et assister les organisations qui luttent pour la protection des droits humains. Cette instance est composée au niveau ministériel par six membres dont une issue du Statut des femmes et Affaires sociales.
Aux côtés des instances étatiques, un nombre important d’organisations non gouvernementales œuvrent également pour le respect des droits des femmes. On peut citer la Ligue tchadienne des droits des femmes qui mènent des actions autour des problématiques variées telles que l’illustre la marche organisée en juin 2021 pour attirer l’attention sur les violences faites aux femmes. L’Union des femmes juristes du Tchad (UFJT), fondée en 1991. Elle vise à améliorer les conditions socio-légales et à défendre les droits des femmes et des enfants au Tchad. Elle aide à résoudre les conflits, qu’il s’agisse d’inter-groupes, intercommunautaires ou au-delà des frontières. En outre, les organisations comme la Ligue tchadienne des droits humains (LTDH), l’Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT), l’Association pour la défense des droits humains (ADDH), l’Association tchadienne pour la promotion des droits de l’Homme (ATPDH), Association chrétienne d’abolition de la torture (ACAT) etc. participent toutes à la défense des droits humains. En dehors de ces instances, on note aussi le collectif des avocats du Tchad.
Disponibilité de données sexo – spécifiques
Au Tchad, les études statistiques menées par les institutions de l’Etat ou les ONG internationales montrent que les femmes sont très nombreuses dans les secteurs agricoles (74.6%) (PNUD, 2018) et seulement 27% (FAO, 2021) dans les secteurs autres que l’agriculture. Le secteur industriel, compte tenu son état embryonnaire dans le pays et des contraintes spécifiques, ne compte que 12.9% de femme. Selon ECOSIIT III, les femmes sont les plus frappées par la pauvreté : on dénombre 42.6% de ménages pauvres dont les femmes sont des cheffes. Il a été aussi signalé que la proportion de filles de 15 ans effectuant plus de 28h de tâches ménagères est de 21.6% (INSEED et UNICEF, 2021) avec pour conséquence un impact négatif sur l’éducation des filles qui, souvent sont obligées d’écourter leurs études ou de se marier tôt. La proportion de la population âgée de 18 ans et plus est beaucoup plus élevée chez les femmes (44,4 %) que chez les hommes (40,8 %). Il en est ainsi dans toutes les régions à l’exception de Ndjamena (47,8 contre 52,9 %).
En outre, les questions de genre demeurent encore une préoccupation sensible pour un pays qui est classé 160e/162 pays avec 0.701 comme indice d’égalité de genre (PNUD, 2019).
Présence des femmes dans les instances de prévention et de gestion de conflits.
La présence des femmes dans les instances de prévention et de gestion des conflits reste mitigée au Tchad où les défis de la participation de la femme sont encore à relevés. Plusieurs causes expliquent cela et nous citerons entre autres des causes d’ordre personnel, familial, organisationnel, technique et social :
- les femmes sont minoritaires parmi les protagonistes des conflits armés et minoritaires dans les FDS au Tchad ;
- contraintes conjugales et familiales, opposition des époux, entretien des enfants souvent en bas âge ;
- au faible niveau d´instruction
- faiblesses techniques et organisationnelles
- faible militantisme politique des femmes tchadiennes ;
- Faible conscience sur la citoyenneté globale
- Exclusion des femmes des mécanismes officiels de résolution des conflits actuels, (Tchad : Rapport d´évaluation de la mise en application de la résolution 1325.)