Organisations féminines, réseaux et plateformes de femmes : réalités, forces et faiblesses
Les organisations féminines, parfois regroupées en réseau ou en plateformes, sont les figures de proue de la société civile ivoirienne. Très actives au sein de la société civile, leurs centres d’intérêt portent généralement sur les questions de genre, d’équité et d’égalité hommes – femmes, d’autonomisation des femmes, d’éducation, de santé, de paix, de prévention des conflits, de cohésion sociale et de démocratie.
Il s’agit, par exemple, du Groupe des organisations féminines pour l’égalité hommes – femmes (GOFEHF), de l’Organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire (OFACI), de l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire (AFJCI), de Génération femme du 3e millénaire (GFM3), de la Plateforme des femmes pour gagner (PFG), de l’ONG Femmes en action, de ONG Femmes de SALÈME, de l’Alliance femme droits et développement durable (AF3D), de ONU femmes Côte d’Ivoire, de Soleil et réconciliation et aide aux femmes démunies de Côte d’Ivoire (SR-AFD-CI), de ONG femmes, enfants en détresse, de ONG femmes unies, Voix de femmes, du Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la femme (RIDDEF) etc.
Pendant la décennie de crise sociopolitique en Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011, (et même après cette période) ces organisations ont essayé de faire entendre la voix des femmes, par des actions de sensibilisation des populations pour la paix et la cohésion sociale, des séances de monitoring, des plaidoyers à l’adresse des autorités etc. Ces organisations féminines se distinguent par leur sens de l’initiative, leur engagement au sein de la société civile, etc. Leurs faiblesses résident notamment dans leurs difficultés d’obtenir des financements, leur manque d’autonomie financière, leur manque de coordination dans les actions, leur problème d’organisation, la faible implication des populations dans leur initiative, leur collusion parfois avec les partis politiques etc.
Existence de synergies
Même si l’on peut observer au sein des organisations féminines en Côte d’Ivoire, une certaine tendance à se constituer en réseaux et en plateforme, elles ont souvent du mal à travailler en véritable synergie. Prenons l’exemple de la Plateforme des femmes pour gagner, créée le 29 septembre 2005, qui regroupe des personnes physiques, des organisations professionnelles, des mutuelles de développement, des syndicats, des organisations féminines des partis politiques, des ONG et des associations. Cette plateforme, forte de 1557 adhérents au moment de sa création, a mené quelques activités épisodiques. Elles continuent, aujourd’hui, ses activités, mais pas avec la ferveur des débuts. Il y a également la Plateforme panafricaine des femmes et des jeunes pour la paix en Côte d’Ivoire (2PFJ), apparemment moins hétéroclite que la précédente, qui a mené des actions d’éclat pendant les échéances électorales de ces dernières années (monitoring, sensibilisation des populations pour la cohésion sociale et pour des élections sans violence). Malheureusement, ces organisations sont souvent traversées par des dissensions qui minent leur efficacité dans la durée. Le départ du Parlement des jeunes de la Plateforme panafricaine des femmes et des jeunes pour la paix en Côte d’Ivoire (2PFJ) est la face visible des conflits d’intérêt et des problèmes de personnes au sein des organisations de ce type en Côte d’Ivoire.
Leadership des femmes
Prenant appui sur les formes d’émancipation dans le monde contemporain, les femmes ivoiriennes essaient d’affirmer leur leadership, dans un contexte littéralement dominé par les hommes. Aussi s’engagent-elles à influencer les prises de décisions, à travers leurs différentes associations créées autour des questions de défense des intérêts des femmes et de l’amélioration de leur participation à la vie publique. Leurs ambitions en matière de leadership sont cependant contrariées par un déficit de solidarité, le manque de formation, l’absence de véritable synergie, les problèmes de personnes etc. Elles ne pourront faire pencher la balance que si elles consentent à se former au leadership, au développement personnel, à l’entrepreneuriat, à l’autonomisation et en cultivant le sens de la collaboration.
Leadership des filles
Les filles en Côte d’Ivoire ne sont pas vraiment formées au leadership. Cette notion, perçue par elles comme élitiste, ne suscite pas beaucoup d’intérêt chez nombre de filles. Il y a certes quelques-unes qui essaient de se démarquer, de s’affirmer, mais leur enthousiasme est tiédi par un déficit de formation et un manque de confiance en soi.
Collaboration et transition générationnelle La collaboration et la transition générationnelle restent un défi pour les femmes de Côte d’Ivoire. La franche collaboration n’est pas toujours de mise au sein des organisations féminines où les intérêts se télescopent bien souvent, mettant ainsi à mal la transition générationnelle. Pour redresser la pente, elles devront se former. Une stratégie serait de leur présenter des modèles de réussite en matière de collaboration et de transition générationnelle pour susciter une émulation positive chez les jeunes filles.