Dispositif institutionnel existant
Au Sénégal, le mécanisme National Genre a été l’institution qui, dans l’appareil gouvernemental, avait en charge la promotion de la femme. L’institutionnalisation d’un tel mécanisme s’est réalisée progressivement dès 1975, Année Internationale de la Femme. Cependant, il faut ajouter l’instabilité institutionnelle qui caractérise cette institution. Dans la seule période 1999‐2003, le mécanisme en question a subi cinq remaniements ministériels avec comme conséquence, non seulement des changements au niveau de ses attributions, mais surtout une mobilité des ministres, du personnel et des ressources matérielles, humaines et financières, notamment celles provenant des programmes et projets d’appui. L’ensemble de ces éléments contribue à fragiliser le mécanisme sur l’échiquier national et à le rendre de plus en plus dépendant des partenaires extérieurs. cf.[1]
Avec le régime actuel, le Sénégal a à son actif le dispositif institutionnel de promotion des femmes qui s’articule ainsi :
– le ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants en charge des politiques en matière de protection des droits de la femme et du genre va renforcer sa politique d’institutionnalisation du genre avec l’expérimentation de l’Indice de l’autonomisation de la femme (IAF).
– la Direction de l’Equité et de l’Egalité de Genre rattachée au ministère constitue son bras technique et l’interface entre le ministère, les OSC et les PTF.
– L’Observatoire national de la parité qui, depuis 2011, appuie le chef de l’État sur les questions d’équité et de d’égalité de genre, et contrôle l’évolution des résultats des actions engagées en faveur de la parité ainsi que le niveau de respect des engagements nationaux et internationaux vis-à-vis des femmes et la correction des inégalités/discriminations entre hommes et femmes.
Le Plan Sénégal Emergent, vient matérialiser la volonté de l’Etat et ses orientations en matière de promotion de l’égalité femme-homme et du genre. L’institutionnalisation du genre dans les administrations publiques a connu des avancées significatives avec la création de cellules genre dans les ministères. Ainsi, le nombre de cellules est de 25, portant la proportion de ministères disposant de mécanismes de prise en compte du genre à 71,4 % en 2018 contre 62,86 % en 2017, soit une progression de 8,5 %.[2]
L’intégration du genre dans les documents de la programmation budgétaire au Sénégal a fait un pas en avant avec le Projet d’Appui à la Planification au Développement et Budget (PAPDEV) qui est un projet d’appui conseil-technique rattaché au cabinet du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan au Sénégal. Son objectif principal est d’appuyer une meilleure prise en compte des priorités de développement de la stratégie nationale de développement dans la planification et programmation budgétaire au niveau sectoriel, ceci en vue de promouvoir le développement économique et social au Sénégal et de réduire la pauvreté[3].
La Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) est une structure rattachée au Secrétariat général de la Présidence de la République du Sénégal et qui est un outil public dont le but est d’intervenir de façon efficace sur les questions du financement de l’entrepreneuriat, de la création d’emploi et de richesses, de l’inclusion économique et financière, de même que l’équité sociale et territoriale[4].
Agencement institutionnel : directions, agences, observatoire, etc. : ossature et pertinence
Avec cette floraison d’institutions gouvernementales (agences, observatoires, directions…), il existe au Sénégal une réelle volonté de s’aligner sur les instruments internationaux de promotion des droits de la femme. Mais la plupart de ces mécanismes souffre de manques de coordination et de complémentarité dans les interventions. Il faut aussi noter le manque d’harmonisation avec certaines dispositions internationales et régionales tels que le protocole de Maputo sur l’avortement médicalisé, la question de l’âge légal du mariage des filles toujours maintenu à 16 ans contrairement au protocole de Maputo. Les textes sont parfois épars et cela ne favorise pas une vision globale. Certaines dispositions comme la recherche de paternité, l’âge légal du mariage et l’héritage et l’équité salarial restent discriminatoires à l’égard des femmes.
Toutefois, il faut souligner les avancées notées dans l’agencement institutionnel des instruments ratifiés avec l’élaboration de la SNEEG II qui est un instrument opérationnel qui permet de rendre visible les questions de genre dans la société, de proposer les mesures appropriées pour lever les contraintes à l’égalité entre les hommes et les femmes et d’obtenir les changements souhaités en matière de genre et qui prend en compte beaucoup d’aspects en matière de promotion des droits de la femme.
A côté de cette stratégie, il y a l’adoption de la Stratégie Nationale pour l’Autonomisation Economique des Femmes qui promeut les droits économiques des femmes et qui permet d’entrevoir la vision de l’Etat et son positionnement pour des avancées majeures sur la question. L’observatoire national de la parité constitue par ailleurs une opportunité pour suivre et alerter au besoin sur la mise en œuvre de la politique de genre et, sert de base de données pour les acteurs de la société civile. Le ministère de la femme à travers sa revue annuelle genre établit une situation référentielle de l’implémentation de la politique de l’État en matière de genre et d’implication des femmes.
[1] http://www.nawey.net/wp-content/uploads/downloads/2012/05/Senegal-Unit-2.pdf#:~:text=Senegal%20a%20ratifi%C3%A9%20la%20CEDAW,tous%20les%20domaines%20en%20Senegal.&text=Le%20protocole%20reconna%C3%AEt%20et%20garantit,droits%20%C3%A9conomiques%2C%20sociaux%20et%20culturels.
[2] https://luxdev.lu/files/documents/Genre_SEN_vF.pdf
[3] https://gender-works.giz.de/competitions/senegal-lintegration-du-genre-dans-les-documents-de-la-programmation-budgetaire-au-senegal/
[4] https://der.sn/fr/derfj/la-derfj-une-reponse-adaptee-au-financement-de-lentrepreneuriat-des-femmes-et-des-jeunes