Protection des droits fondamentaux des femmes et des filles
Malgré l’adoption des textes favorables aux femmes et la création de structures et institutions des droits des femmes et la volonté politique exprimée par les autorités, l’on constate un grand décalage entre les discours, les textes et la réalité du vécu quotidien des femmes en Côte d’Ivoire, notamment sur la question de la protection de leurs droits fondamentaux. Les statistiques continuent de faire ressortir l’écart énorme qui subsiste entre les lois et la situation réelle des femmes, notamment sur les cas de violences sexuelles et d’agression physique. Le Ministère de famille, de la femme et de l’enfant laisse entrevoir un léger recul depuis 2012, (moment de la fin de la décennie de crise sociopolitique en Côte d’Ivoire), il est probable que les chiffres ne reflètent pas toute la réalité et nombre de faits ne soient pas pris en compte. Cette tendance n’est d’ailleurs pas corroborée par les observations des organisations de défense des droits des femmes qui au contraire, ont fait part à l’équipe GIS, fin 2016, de leur conviction que les violences s’étaient aggravées. Selon l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire, les chiffres existants mettent en évidence la fréquence des agressions physiques et des viols ( 60% des cas enregistrés).
Violence basée sur le genre
Selon le rapport 2018 de la Banque Mondiale, en Côte d’Ivoire, les femmes sont victimes de diverses formes de violences : viol, excision, infibulation… Dans certaines familles, dès le bas-âge, la petite fille subie des mutilations dont les conséquences sur sa vie de femme sont indescriptibles et indicibles. Il convient de noter que fort heureusement, ces traditions ne sont pas pratiquées dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Les femmes sont parfois humiliées et battues par leurs époux et/ou conjoints. Parce que mal informées et souvent peu ou pas instruites, les femmes ignorent leurs droits et n’arrivent toujours pas à se défendre. Très peu d’entre elles portent plainte contre leurs agresseurs. Le règne de l’impunité favorise la résurgence des agressions de tous ordres contre les femmes et les cas de viol sont nombreux. Le Gouvernement ivoirien a amendé le code civil et mis en place un arsenal juridique qui protège la femme. Mais modifier les textes de lois n’aura été qu’une étape. Il faut un changement de comportement, le respect et l’application de la loi n° 98-757 du 23 décembre 1998.
Violences symboliques
Les violences symboliques sont l’une des formes que prennent les atteintes aux droits des femmes en Côte d’Ivoire. Ces violences comportent une dimension psychologique qui suscite chez les femmes le sentiment diffus de se sentir vulnérable et oppressée. Récemment, la vague d’indignation suscitée en Côte d’Ivoire par la démonstration d’un viol en direct à la télévision, le 31 août 2021, a relancé le débat autour de la question des violences sexuelles. Pendant plusieurs jours, les réseaux sociaux se sont enflammés pour dénoncer la banalisation de la culture du viol dans le pays. Plusieurs dizaines de militantes féministes ont également manifesté devant le siège de la chaîne privée NCI pour réclamer des sanctions. L’objet de leur colère : une séquence sordide d’une émission de divertissement dans laquelle un ancien violeur était invité pour simuler une agression sexuelle sur un mannequin en plastique, puis prodiguer des conseils aux femmes pour éviter de subir le même sort. Devant le tollé général, la justice s’est saisie de l’affaire avec une célérité inhabituelle et l’animateur, mis en cause, à été condamné à 12 mois de prison avec sursis et une amende de 3000 euros pour « apologie du viol ». Quant au diffuseur, il n’a pas été poursuivi, la Haute autorité de communication audiovisuelle (Haca) se contentant de l’inciter à faire preuve de « vigilance » dans sa programmation. Une clémence qui a fait bondir les associations féministes. Celles-ci ont déplorer, en effet, l’absence de sanctions contre la direction de la chaîne. Toutefois, les collectifs et associations féministes ont vu en cette représentation du viol, le signe d’un tournant dans la lutte contre ce fléau.
Personnes déplacées internes
La Côte d’Ivoire a été fortement affectée par les déplacements internes de populations du fait de la décennie de crise sociopolitique qu’a connu le pays. En effet, l’instabilité politique, la rébellion de 2002, l’insécurité et les tensions intercommunautaires ont tous joué un rôle dans le déplacement des populations. Aucune donnée exacte n’est disponible, mais le rapport de la Banque mondiale 2011 indique que près 1,2 million de personnes avaient été déplacées à l’intérieur de la Côte d’Ivoire à la fin novembre 2005. Aujourd’hui, même si les risques de nouveaux déplacements importants se sont considérablement atténués, les impacts de la crise n’ont pas tout à fait disparu. Il est difficile pour nombreuses personnes, les femmes particulièrement, de se relocaliser dans les régions où les infrastructures font défaut et où l’accès aux biens et aux services restent limité. Les femmes sont souvent victimes de discrimination et manque du minimum de ressources pour démarrer une activité génératrice de revenus.