Participation politique (présence et responsabilités dans les partis politiques, élues nationales et départementales, etc.)
Les femmes sont peu présentes dans l’animation de la vie politique en Côte d’Ivoire. Leur participation politique est très résiduelle à en juger par le nombre de femmes élues, ou présentes dans les sphères de décisions. Elles représentent 11% des élus au parlement, 3% des présidents de conseils régionaux, 5% des maires. L’on est encore bien loin des 30% de femmes exigées par la loi n°2019-870 du 14 octobre 2019 favorisant la représentation de la femme dans les Assemblées élues. Cette faible représentation des femmes s’explique en partie par le peu d’intérêt qu’elles manifestent pour la chose politique.
Concernant les jeunes, si leur présence est très remarquée lors des manifestations politiques et dans les espaces de discussion politique, leur influence reste très limitée dans les responsabilités au sein des partis politiques. À peine 3% des élus au parlement ont moins de 40 ans, dans ce pays où pourtant les résultats du dernier recensement général de la population en 2014, révèlent que 77,3% de la population ont moins de 35 ans, soit un peu plus de 3 personnes sur 4. Le manque d’autonomie des jeunes, l’absence d’initiative chez nombre d’entre eux, leur incapacité à se mettre ensemble pour faire entendre leur voix et peser dans les prises de décisions les confinent à jouer le rôle d’exécutants de mots d’ordre au sein des partis politiques.
Les statistiques susmentionnées montrent bien que ce sont les hommes, (plus entreprenants, disposant de plus de moyens, faisant peu de concessions politiques aux femmes et aux jeunes) qui dictent leur loi sur le terrain politique en Côte d’Ivoire.
Participation aux instances de décision
La faible représentativité des femmes et des jeunes dans les postes de décision au sein des partis politiques se reflète également dans les sphères de décisions au niveau national. Dans le gouvernement, il n’y a que 8 femmes (sur un total de 41 ministres). Aucun membre du Gouvernement n’a moins de 40 ans. Les raisons de la faible représentativité des femmes et des jeunes dans les cercles de décision des partis politiques pourraient également être avancées pour expliquer leur minorité au sein du gouvernement, même si les deux domaines (parlement et gouvernement) ne sont pas superposables).
Participation aux initiatives de paix
Majoritairement, les femmes et les jeunes ne s’impliquent pas beaucoup dans les initiatives de paix qu’ils considèrent comme étant un domaine réservé aux organisations internationales. Il existe pourtant différentes organisations de femmes et de jeunes en Côte d’Ivoire, dont certaines sont organisées en plateforme, qui sont relativement actives dans les initiatives de paix. Des ONG, groupes et associations s’occupent de vulgariser les droits des femmes et de promouvoir des initiatives de paix (MIFA). C’est le cas, par exemple, de l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire (AJFCI), les Amis de la famille (AMIFA), le Mouvement ivoirien des femmes démocrates, l’Organisation nationale pour l’enfant, la femme et la famille (ONEF) etc. Ces organisations entreprennent différentes actions de formation, d’informations et de sensibilisation des populations en faveur de la paix. Des organisations de jeunes sont également sur le front des initiatives de paix. Il s’agit notamment des organisations de jeunes issues des partis politiques (Jeunesse du Populaire Ivoirien (JFPI), Jeunesse du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, Rassemblement des Jeunes Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RJHDP)), de celles de la société civile, tels que le parlement des jeunes, l’Organisation des jeunes leaders de Côte d’Ivoire etc.
Les mouvements de jeunesse des partis politiques se font souvent remarquer lors des échéances électorales, engagés qu’ils sont pour la cause de leur parti politique. On les retrouve rarement dans les initiatives de paix. Pour changer ce paradigme et impliquer les jeunes dans les actions de paix, Indigo Côte d’Ivoire et Interpeace (deux organisations engagées pour la paix et la cohésion sociale) ont conçu et mis en œuvre un projet de consolidation de la paix et de la cohésion sociale à Abobo et Yopougon, des quartiers populaires réputés pour être les épicentres des violences électorales en Côte d’Ivoire. Dans le cadre de ce projet dénommé « YPS en pratique : auto-analyse et renforcement du leadership des jeunes dans la prévention de la violence politique en Côte d’Ivoire », une quarantaine de jeunes leaders ont été formés le 7 septembre 2021, à Abidjan, pour être des acteurs de paix auprès des jeunes. Ce sont des initiatives épisodiques de ce type que l’on observe en Côte d’Ivoire, (surtout au moment des échéances électorales), et qui peinent souvent à rallier à la majorité des jeunes. Les hommes, eux, plutôt engagés dans les partis politiques, semblent peu intéressés par ce genre d’initiatives, et préfèrent laisser ce terrain aux ONG.
Participation aux instances de promotion de la cohésion sociale
Les femmes sont quelque peu actives dans les instances de promotion de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Même si l’impact de leurs actions reste très limité, on peut cependant observer l’engagement militant de certaines d’entre elles au sein de ces instances. La participation des jeunes, elle, semble plus discrète. Les jeunes ne participent pas beaucoup aux instances de promotion de la paix. La raison est qu’ils y trouvent peu d’intérêt. Le défi est donc d’amener les femmes et surtout les jeunes, deux catégories sociales considérées comme étant les plus vulnérables en temps de crise, à s’impliquer pleinement dans les instances de promotion de la paix.