Indicateur 6 : Accès

Accès à la terre

Les femmes guinéennes ont toujours joué un rôle de pivot dans l’agriculture. Leur rôle et leurs activités dans les secteurs ruraux sont très diversifiés. Elles interviennent dans la production agricole, l’élevage, la cueillette, la transformation et la commercialisation des produits.

Cependant, il faut noter que les femmes guinéennes ont un accès limité à la terre. Elles sont souvent exclues dans les successions et il manque une politique foncière efficace et sécurisée qui tienne compte de la diversité des situations locales des femmes dans un processus de planification spatiale anticipant l’occupation anarchique et les conflits fonciers.

Un nombre important de femmes se démarquent dans le secteur agricole. Mais la question foncière constitue un blocus à l’accès équitable aux activités agricoles pour elles en Guinée.

La persistance de certaines pratiques coutumières néfastes, la méconnaissance du droit, le faible pouvoir économique des femmes et le non-respect des textes de loi en général obstruent l’accès des femmes aux terres, principalement en milieu rural. Des inégalités réelles entre hommes et femmes en matière de propriété foncière sont encore très ancrées. Conformément aux dynamiques foncières coutumières, les terres appartiennent aux hommes. Elles leur confèrent exclusivement toutes les prérogatives pour gérer les questions foncières, et excluent dans la plupart des cas les femmes de la possession et de l’héritage. Ces dernières ont uniquement des droits d’usage et de jouissance, et ne peuvent exploiter les terres qu’à titre temporaire, risquant à tout moment de se voir retirer ces droits. Pourtant, les droits des femmes sont garantis et protégés à la fois par le droit national guinéen et le droit international.

Accès aux financements et au crédit

Pour ce qui est de l’accès au crédit et au financement pour les femmes en Guinée, il est important de noter que les femmes éprouvent beaucoup de difficultés non seulement pour l’accès au financement et au crédit mais aussi pour la gestion de ces crédits.

Plusieurs initiatives, notamment la Mutuelle Financières pour favoriser l’autonomisation des Femmes Africaines (MUFFA), ont été développé par le Gouvernement ces dernières années pour autonomiser les femmes notamment en les facilitant l’accès au financement et au crédit. Cependant, si quelques unes ont réussi à bénéficier de ces fonds, il n’en reste pas moins que ces initiatives ont produit des résultats largement mitigés.

La plupart des femmes n’ont pas été en mesure de rembourser les crédits pour diverses raisons : taux d’intérêt trop élevés, pesanteurs socioculturelles, inconsistance des activités, etc.

Cela dit, plusieurs initiatives communautaires sont portées par les femmes pour se soutenir mutuellement grâce à des formes d’économie solidaire notamment les tontines, les sèrès, etc.

Accès à l’éducation

Selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitation effectué (RGPH, 2014), l’on note qu’à tous les cycles les filles sont moins scolarisées que les garçons quel que soit l’indicateur du niveau de scolarisation considéré. Il en de même des très pauvres par rapport aux très riches ; du milieu rural par rapport au milieu urbain. On observe les mêmes résultats quel que soit le groupe d’âge considéré.

Du point de vu de l’alphabétisation, les femmes sont également moins alphabétisées que les hommes.  Selon un rapport de la Banque Mondiale et de l’agence canadienne du développement international, le taux d’analphabétisme chez les femmes est de 79 % contre 44 pour cent pour les hommes.

On peut donc retenir que les disparités sexuelles, en matière d’éducation persistent encore en Guinée et quel que soit le milieu de résidence considéré.

Accès à la santé

En ce qui concerne l’accès des femmes du point de vu santé, il faut dire que l’application des décisions gouvernementales fait défaut. A titre d’exemple, le gouvernement a déclaré la gratuité de la césarienne pour toutes les femmes sur toute l’étendue du territoire nationale, cependant il n’y a pas eus de mesures d’accompagnement des structures de santé et dans la pratique, les femmes continuent toujours à payer pour se faire prendre en charge.

Accès à la propriété

En dehors de l’héritage, les principaux modes d’accès des femmes à la terre sont l’achat, l’alliance et le don. Ainsi, malgré un cadre juridique plus ou moins favorable à l’accès des femmes à la terre, elles demeurent exclues de l’héritage de leurs époux et parents.

Accès aux médias

Le journalisme est certes un métier passionnant mais il est très contraignant surtout pour les femmes plus particulièrement les femmes journalistes qui sont dans les ménages. Le premier défi auquel elles se trouvent confrontées est la difficile conciliation entre la vie de couple et/ou de foyer et les exigences professionnelles. Ce défi paraît essentiel lorsqu’on sait que la femme journaliste n’a pas d’heures de service fixes et régulières surtout celle qui opte pour la presse écrite ou la presse en ligne. Elle sait quand elle quitte la maison mais ne peut jamais prévoir l’heure du retour.

Les difficultés d’accès à l’information, les préjugés, le poids de la tradition, le faible niveau de certaines femmes journalistes, le harcèlement, le difficile accès aux postes de responsabilité dans les organes, le foyer, sont entre autres éléments identifiés comme entravant l’ascension des femmes journalistes.

De plus en plus de femmes embrassent le métier de journaliste en Guinée, Peu de femmes sont responsables ou occupent un poste de responsabilité dans les médias guinéens. Par contre, nous voyons de plus en plus de femmes techniciennes aussi bien à la radio qu’à la télévision.

Accès à la Justice

De plus en plus de femmes font recours aux tribunaux en cas de violation de leurs droits et n’ont plus peur de se présenter devant la justice pour des faits de ménage. La société réagit mieux quant à l’idée et aux principes de protection des droits des femmes. Cela étant, les femmes restent encore confrontées aux difficultés suivantes :

  • Les coutumes peu favorables aux droits des femmes ;
  • L’ignorance par les femmes de leurs droits ;
  • L’éloignement de la justice des justiciables ;
  • Les coûts et frais liés aux procédures de justice ;
  • Le manque de sensibilisation de certains juges sur les droits des femmes ;
  • La lenteur excessive de la justice dans le règlement des différends ;
  • Le manque de solidarité entre les femmes dans la défense de leurs droits ;
  • Le fort taux d’analphabétisme chez les femmes ;
  • Les coûts des procédures trop élevées.

Accès aux ressources (succession ou héritage, à la terre, aux crédits bancaires et aux ressources productives)

L’objectif principal de cette rubrique est d’évaluer les facilités et difficultés des femmes à accéder de manière équitable à l’indépendance économique, notamment à l’emploi, avec des conditions de travail appropriées. Dans ce domaine le gouvernement guinéen a fourni quelques efforts, notamment :

Existence du Programme « Rajeunir et féminiser l’administration publique » ;

  • Encouragement de la candidature féminine dans tous les appels d’offre d’emploi ;
  • Dans le secteur bancaire privé, les femmes constituent 60% de l’effectif total du personnel ;
  • Au sein de la Banque centrale de la République de Guinée, 20% des hauts cadres sont des femmes
  • 400 femmes sont employées en tant que fonctionnaire, promotrice ou directrice d’agence de compagnie aérienne et de voyage ;
  • La Confédération patronale des entreprises de Guinée est dirigée par une femme ;
  • Sur 96.000 travailleurs et travailleuses de la Fonction publique, 42.000 sont femmes toutes hiérarchies confondues ;
  • En moyenne 144 femmes pour 100 hommes de la population agricole active au niveau national, soit 87% de la population active féminine ;
  • Les femmes représentent 53,3% de la main d’œuvre agricole ;
  • Dans le domaine agricole, 78,5% d’entre elles sont des aides agricoles ;
  • Il existe des dispositions en faveur des femmes dans le Code foncier et domanial ;

Les défis et obstacles sont :

  • Les difficultés d’accès égalitaire à la succession, à la terre, aux crédits bancaires et aux ressources productives ;
  • La réticence de certains employeurs au recrutement des femmes du fait de leur maternité et de la nature des travaux.